Joseph Talon, inventeur de la trufficulture
Joseph Talon (1793-1873), natif du hameau de Croages, à Saint-Saturnin–d’Apt, eut l’idée de planter des glands dans une de ses terres en 1808. Une dizaine d’années plus tard, alors qu’il cavait avec son cochon, celui-ci sortit de cette terre plusieurs kilos de rabasses noires. Cette belle récolte de truffes l’incita à continuer. Il acheta de mauvaises terres et les ensemença de glands.
Le succès fut au rendez-vous. Joseph Talon s’enrichit, ce fut le courtier du marché d’Apt qui vendit la mèche. Talon faisait fortune avec ses truffes. Comme tous l’avaient vu planter des glands, on l’imita. Les contreforts des monts de Vaucluse, se couvrirent de chênes, plus de 200 propriétaires étaient demandeurs et pressés. Joseph Talon vendit alors des plants truffiers, les premiers plans mycorhizés de l’histoire.
La rumeur se répandit jusqu’au marché aux truffes de Carpentras, Auguste Rousseau, négociant en truffes, en 1847, se fournit auprès de Talon. Et lorsqu’il présenta ses truffes à l’expo universelle de Paris, il obtient la médaille d’or. La trufficulture était née. Ce qui permit, en 1875, à la commune de Saint-Saturnin d’Apt, de commercialiser six tonnes de truffes. En 1909, il en fut vendu sur le marché d’Apt 35 000 kilogrammes. Les participants aux deuxièmes rencontres internationales de la truffe qui se sont déroulées à Ménerbes le 19 janvier 2008 ont rendu hommage à Joseph Talon, le père de la trufficulture moderne et rappelé que le Vaucluse est le berceau de celle-ci.
Historique de la production
L’âge d’or de la truffe en France correspond aux trente dernières années du xixe siècle. Il fut le résultat d’une déforestation suivie de la mise en culture des essarts après la Révolution. Les truffières profitèrent de la reforestation à l’exemple de celles du Mont Ventoux. Un peu plus tard, dans les régions viticoles, la crise du phylloxéra permit une nouvelle extension des truffières sur les vignes abandonnées. Au début du xxe siècle la production en France dépassait 1 000 tonnes chaque année et plus de la moitié des départements étaient producteurs.
Puis tout au long du xxe siècle, la production chuta, notamment à cause de la diminution de la population rurale, après la Première Guerre mondiale, suivie des changements culturaux avec la mécanisation. Les truffières se raréfièrent et disparurent dans beaucoup de régions. La relance se fit au cours des années 1960 avec des programmes de plantations. La crise n’étant pas seulement française, il se tint à Souillac le premier congrès international de la trufficulture, organisé par la Fédération Nationale de Producteurs de Truffes (FNPT).
L’espoir d’une forte reprise fut conforté par la mise en marché des plants mycorhizés au début des années 1970. Mais ceux-ci furent plantés avec un manque de rigueur et une approche trop strictement agricole et productiviste de la part des trufficulteurs. Beaucoup d’espoirs furent déçus.
De nos jours, les études menées ont modifié les rendements trufficole pour atteindre trente kilos à l’hectare. Des plantations remarquables produisent deux-cent kilos à l’hectare. Contacter 100% Truffe pour tout savoir sur les méthodes employées adéquates à vos terrains
Mycorhization
Mais cette solution était la bonne. La truffe est un champignon mycorhizien, et elle ne peut accomplir son cycle complet qu’avec une plante-hôte, comme un chêne ou un noisetier. Ces plants truffiers sélectionnés et garantis par l’INRA sont l’aboutissement des travaux des chercheurs italiens Fassi et Fontana qui, en 1967, avaient réalisé la synthèse mycorhizienne de la Tuber maculatum avec un pin (Pinus strobus L.). Cette méthode était déjà employée par les trufficulteurs méridionaux de Vaucluse. L’INRA proposa à grande échelle des plants truffiers fiables, car mycorhizés par l’espèce souhaitée, et non porteurs d’autres champignons.
Ce qui permet d’avancer, comme le font Alain Escafre et François Roussel :« Un chercheur italien M. Bencivenga résume fort bien la situation en affirmant encore récemment (1999) que la trufficulture avait connu deux grands succès : Le premier, quand a été découvert la dépendance des truffes envers certaines plantes supérieures ; le second, quand les plants mycorhizés ont été produits à grande échelle. Le troisième pas important ne sera accompli que lorsque la recherche sera en mesure de garantir une production significative à ceux qui ont effectué des plantations ».
Cueillette et production
Il y aurait environ 20 000 trufficulteurs en France. Ils regroupent des producteurs qui plantent, avec un succès inégal, avec un appui scientifique, et des caveurs (ou rabassiers) qui ramassent le champignon.
Une vingtaine de négociants opèrent en France (plus une vingtaine de conserveurs). Ils achètent sur les marchés agricoles de gros. Ils gardent leur chiffre d’affaires secret, mais les spécialistes l’estimaient à environ 30 millions de francs (4,6 millions d’euros) en 1995.
La culture des truffes sur des truffières aménagées et cultivées s’est fortement développée, au point de fournir aujourd’hui 80 % des truffes françaises du marché.
Les « caveurs » ou « rabassiers » (ramasseurs de truffes) utilisent de plus en plus des chiens truffiers plutôt que le cochon qui est plus difficile à contrôler. Ces chiens sont spécifiquement éduqués à chercher les truffes.